Newsletter février 2021
Madame, Monsieur,
2020 est terminée, ouf. L'année avait pourtant bien commencé sur les marchés, avant d'effectuer un plongeon spectaculaire puis une remontée non moins remarquable. Le monde n'a pas été confronté à une grande pandémie depuis un siècle, et les réponses des pays sont allées dans tous les sens, beaucoup confinant leurs populations, ce qui a créé un choc extraordinaire sur leur PNB, leurs finances et leur endettement. Etats et Banques Centrales ont inondé l'économie de financements divers et variés, dans un même élan superbe, de timing et de montants gigantesques, qui a renforcé l'idée que l'économie est maintenant administrée, et non plus laissée à ses cycles d'expansion et de correction, pour éviter une explosion du chômage et de la misère.
L'optimisme actuel des marchés vient de la découverte rapide de vaccins, qui devraient permettre une prompte reprise. Le contraste est fort entre la remontada boursière et la réalité quotidienne de la crise, les plans de licenciements que les sociétés annoncent tous les jours, surtout dans le transport, la distribution, le tourisme et autres secteurs de la vieille économie. Au niveau des entreprises, le phénomène Schumpeterien de destruction créatrice va secouer la planète dans les années à venir, l'Europe étant moins bien outillée pour y faire face que Chine et Etats-Unis.
La vaccination prendra une bonne partie de 2021, certains pays payant le prix fort pour être les premiers servis, quand une bureaucratie comme l'Europe négocie les doses au meilleur prix, quitte à allonger le processus. Les pays les plus agressifs seront ceux qui s'en sortiront les premiers (USA, Royaume-Uni).
CONJONCTURE MONDIALE
Les évolutions les plus spectaculaires vont avoir lieu aux Etats-Unis, après la victoire de Biden, au niveau sanitaire d'abord, avec des mesures d'encadrement et de confinement plus sévères, et une accélération de la campagne vaccinale. Au niveau budgétaire ensuite, Keynes n'a qu'à bien se tenir, avec deux plans de relance votés à très peu de temps d'intervalle, 900Md$ puis 1900 Md$, dont une partie d' "helicopter money", (distribution d'argent en direct), pour des montants équivalents à 5% et 10% du PIB, créant une dette abyssale, qui sera aussitôt achetée par la Banque Centrale FED. Un plan est déjà voté, et le contrôle des deux chambres par le nouveau président va permettre de faire passer sans encombre le deuxième, un gigantesque plan d'infrastructure vert. Les finances seront gérées par l'ancienne présidente de la FED, Janet Yellen, naguère contrainte à démissionner par Trump, qui apporte donc une caution d'orthodoxie à l'équipe Biden. Et comme la FED va maintenir des taux d'intérêts très bas, l'économie sera bien soutenue. La compétition avec la Chine devrait continuer, ainsi que la guerre douanière.
L'Europe réagit au covid par le confinement, les couvres-feu et autres quarantaines et arrive à éviter un blocage de son économie, luttant contre la montre pour vacciner le plus possible de citoyens. Le Brexit s'est finalement produit, avec un accord inattendu (et à vérifier!), sans engendrer trop de turbulences douanières pour l'instant, et le Royaume-Uni est bien redevenu une île, confinée à cause d'un virus plus contagieux que la souche continentale. Dieu merci la Reine a pu être vaccinée. La croissance en 2021 sera donc fortement impactée par ces vagues et les restrictions qu'elles entraînent.
Les pays émergents présentent des contrastes gigantesques, avec une Amérique du Sud fortement blessée et des pays asiatiques ou africains peu touchés. Le Brésil, où la pandémie est incontrôlable, a vu sa monnaie baisser fortement et son économie se rétracter. La Chine, pays d'origine du virus, a réussi à croître de 2% en 2020, après des mesures initiales énergiques de confinement.
MONETAIRE/MATIERES PREMIERES
Les Banques centrales ont été tous les jours à la maneuvre en 2020, dès le début de la crise, avec des politiques très accommodantes, fournissant d'énormes liquidités aux marchés, et achetant des monceaux d'obligations d'Etat ou d'entreprises, pour faire baisser le coût de la dette et faciliter le financement de l'économie. Ces efforts ont été couronnés de succès, et les taux courts sont à peine positifs aux Etats-Unis et restent négatifs en Europe. Et vont le rester pour un long moment, rendant les taux (et donc les fonds) monétaires peu attractifs.
Les anticipations de forte détérioration du double déficit (budgétaire et commercial) américains, couplés à des taux d'intérêt bas ont fait baisser le dollar (-9;30% sur un an contre Euro), une tendance qui pourrait continuer en 2021, à moins que l'économie ne soit trop électro-choquée par tous les stimuli mis en oeuvre.
Les matières premières ont retrouvé de la vigueur fin 2020, l'annonce des vaccins laissant espérer un rebond de la croissance, et le pétrole a ainsi repris 30% sur 3 mois, tout en montrant une baisse de 15% sur un an.
Inversement, l'or, valeur refuge par excellence, après avoir connu un pic à l'été, est en hausse de 18% sur un an, mais stagne depuis 3 mois.
CLASSES D'ACTIFS
LES ACTIONS
Sur 2020 :
Les performances vont dans tous les sens ! Elles ont montré une volatilité jamais vue depuis 100 ans, avec un effondrement général et indiscriminé en février/mars et un rebond en V en fin d'année. Très impressionnant. Certains domaines comme les Techs US ont montré des progressions délirantes (TESSLA!), quand les valeurs de la vieille économie ont été envoyées à la casse. Le différentiel Croissance/Value a atteint des sommets, montrant que les investisseurs ont besoin de certitude et sont prêts à payer des multiples élevés et parfois très élevés pour ne pas se poser de questions, délaissant les valeurs qui pourraient disparaître sans les aides des états (Zombies !), les banques ou les cycliques. L'annonce des vaccins fin novembre a redonné de l'espoir à ces dernières catégories, et 2021 pourrait leur être plus favorable, si la pandémie disparait. En général les actions sont chères, surtout les technologiques américaines, mais pas bon marché non plus en Europe.
L'état de choc initial a été sidérant, et certaines foncières cotées ont alors perdu 80% de leur valeur, remontant par la suite. il y a donc bien des affaires à faire, mais il faudra se montrer très discriminant. Le retour à la normale pourrait perpétuer cette rotation sectorielle, mais les investisseurs veulent une confirmation de la sortie de crise. Avec des taux très bas et de gigantesques plans de relance aux Etats-Unis, le marché actions devrait rester soutenu. Les investisseurs finaux, qui ont bien épargné en 2020, se sont remis à la bourse, chassant les bonnes affaires.
LES OBLIGATIONS
L'ampleur des sommes et mécanismes mis en place pour relever l'économie tient du jamais-vu. Et le rebond devrait donc être fort et rapide.
Bref (très bref) état des lieux par classe d'actifs
Actions
La classe d'actifs obligataire est complètement déconnectée de sa réalité intrinsèque à cause des achats systématiques de banques centrales. Les déficits budgétaires entraînent une explosion de l'émission de dette, rachetée immédiatement par les banques centrales, qui achètent tant que les rendements sont négatifs ! Les Etats n'ont donc pas de scrupule à emprunter, puisqu'on peu même gagner de l'argent à terme en empruntant ! Mais il faudra un jour rembourser... en augmentant les impôts ? Ce serait contre-productif : Hollande l'a fait en 2013, paralysant l'économie pour des années. En laissant s'installer l'inflation ? Ce serait mauvais pour ceux qui ont des revenus fixes de leur épargne (euthanasie des rentiers). En laissant les monnaies se déprécier ? tout les monde est dans le même cas ou presque...Bref, cette question devra bien être résolue un jour, mais attendons déjà la fin de la crise!
Les rendements sont très bas, négatifs sur la plus grande partie de la courbe des taux, en Allemagne, mais aussi en France. En revanche, aux Etats-Unis, les taux à long terme sont positifs, supérieurs à 1,15%, et toute remontée de l'inflation pourrait les faire flamber. En effet, les plans de Biden de doubler le salaire horaire minimum fédéral, ou de distribuer des sommes en direct au contribuable sont par nature inflationnistes. L'Europe, plus contrastée, devrait conserver une inflation nulle. Tant que les banques centrales interviennent, il y aura peu à craindre pour une remontée des taux. Le seul intérêt des obligations serait un resserrement des différentiels entre emprunts d'Etat et emprunt des entreprises, aujourd'hui probablement marginal, la plus grande partie ayant déjà eu lieu. Le risque est donc asymétrique et le moment est venu de diminuer son exposition aux obligations.
L'IMMOBILIER
Stupeur et tremblements en France dans cette classe d'actifs très traditionnelle, avec un gel temporaire du marché et son assise menacée à cause de la pandémie et du télétravail. Le marché s'est arrêté avec le premier confinement, pour reprendre assez fort en mai, et les transactions initiées auparavant se sont bien débouclées. Au total sur l'année, les loyers ont été plutôt bien payés, et les rendements des SCPI n'ont pas trop souffert (maximum 15-20% de baisse pour les plus touchées). Le télétravail a cru fortement, et les entreprises aux locaux quasi vides élaborent déjà des stratégies de réduction des surfaces louées, et donc des loyers. Plus que cela, de nombreux emplois ont montré qu'ils n'étaient plus indispensables, et qu'il faudra travailler autrement pour conserver l'interaction des salariés, source de cohésion et de progrès. Néanmoins les bureaux bien placés dans les grandes villes ne devraient pas être trop affectés. Les boutiques devraient souffrir des progrès de la vente sur internet, et les immeubles de logistique sont très demandés.
Au niveau du résidentiel, les maisons sont les grandes bénéficiaires des frustrations du confinement, et un petit exode a commencé des grandes villes vers leurs banlieues bien desservies et bien connectées. Le grand mouvement Paris-province n'a toutefois pas lieu. Le Grand Paris pourrait bénéficier de cette aspiration à avoir des terrasses ou des jardins...et les prix à Paris baissotent... comme après chaque crise.
CE QUE FAIT SAINT-SABIN PATRIMOINE
Obligations: il va falloir trouver des alternatives aux fonds obligataires, sans grand potentiel, et devenus risqués. Les SCPI ou autres SCI peuvent constituer une solution, mais demanderont une analyse poussée: le mieux serait de trouver des fonds résidentiels qui rapportent ! Peut-être une solution biens en viager pourrait être envisagée, ou des fonds structurés, en profitant d'accidents boursier entraînant une baisse temporaire des indices.
Immobilier :
-en direct, il serait judicieux de profiter des dernières années du PINEL, dont les termes vont être fortement dégradés à partir de 2023, en prospectant en priorité dans le Grand Paris. Au niveau de la constitution de revenus à la retraite, je reste fidèle aux investissements en LMNP, en immeubles gérés, en apprenant des problèmes survenus en 2020, et qu'on ne soupçonnait même pas (problèmes des grands gestionnaires de tourisme d'affaire, ou de tourisme).
-en pierre-papier, je continue à favoriser les SCPI en nue-propriété ; les OPCI à profil de LMNP ; les diversifications de SCPI de bureaux en grandes villes ou en IDF, ou de SCPI investissant dans la santé, voire la logistique.
FISCALITE
La fiscalité ne va pas baisser et l'épargne retraite, redevenue sexy grâce au PER, est une évolution à ne pas négliger. La possibilité de sortir à 100% en capital (ou pas !) a convaincu les opposants à la rente... même si nous aurons de plus en plus besoin de rente!
La forte demande en Girardin Industriel début 2021 a épuisé rapidement les enveloppes les plus intéressantes, aux taux les plus élevés et témoignent que ces dernières défiscalisations, utiles et bien diversifiées, restent une respiration pour les abonnés de début d'année.
A votre disposition pour toute question.
Bien cordialement,
Hervé Langlet