Newsletter septembre 2021
Madame, Monsieur,
2021 a été plutôt profitable pour les marchés financiers, dans un contexte de parfaite reprise en V. Grâce à la conjonction des politiques des banques centrales et des budgets de reprise débloqués par les gouvernements, mais surtout grâce aux découvertes de vaccins efficaces rapidement distribués, qui favorisent une reprise universelle.
*CONJONCTURE MONDIALE*
Une course à la vaccination a été organisée dans les pays développés, et en moins de 9 mois, les 2/3 des citoyens de ces pays ont été vaccinés. Certains refusent ces piqures, mais l'instauration du pass sanitaire va faire fortement augmenter le nombre des vaccinés, diminuant les aléas dus à la covid et à ses variants, et les risques de fermeture des économies. La mobilité se redresse partout, les services atteignent des sommets, le rebond économique est très significatif.
Les Etats-Unis, bien vaccinés, ont boosté et reboosté leur économie avec de gigantesques budgets de relance, le plus élevé restant à venir. Le gouvernement profite de sa courte majorité pour faire passer un gros plan d'infrastructure (1200 Milliards$), puis un pros plan social (jobs plan de 2000 Milliards $), propulsant le déficit fédéral à 13,4 %% du PIB. C'est du rarement vu, et peut-être de l'overkill (sur-tuer!), permettant d'espérer une croissance de 7% en 2021. La désastreuse sortie d'Afghanistan sera rapidement oubliée si l'économie fait des étincelles avant les élections Mid-term. On considère que les budgets de soutien/relance des Etats-Unis ont compensé deux fois la perte de 2020 en PIB.
L'Europe, riche mais plus chiche, a pu se vacciner rapidement, assez uniformément, et la croissance rebondit, visant les 6% en 2021. Les Etats ont soutenu l'emploi, et garanti des emprunts, et contrairement aux Etats-Unis, n'ont pas eu recours à l'helicopter money, ou à d'autres plans de relance thématiques. Néanmoins, fruit des négociations franco-allemandes, elle a innové avec un plan de relance de type fédéral, donnant une forte subvention à l'Italie et l'Espagne, les pays les plus riches étant les grands contributeurs futurs. Ce qui créée un formidable précédent ! La forte remontée du chômage que l'on redoutait ne s'est pas concrétisée, loin de là, grâce au maintien des revenus du travail, et les salariés disposent d'une épargne forte... qui ne demande qu'à se placer. La mobilité intra-européenne se rétablit doucement, troublée toutefois par la quatrième vague du virus, qui requiert la vaccination de tous. Le Royaume-Uni s'éloigne de l'Europe, bénéficie d'un beau rebond de croissance, mais commence à faire face aux conséquences du Brexit au niveau du marché du travail, de nombreux travailleurs étant retournés dans leurs pays, et des carences se font sentir dans différents secteurs de services.
Les pays émergents sont en général moins impactés par le virus, et si les pays asiatiques ont mis en oeuvre des stratégies très strictes face à la pandémie, l'Amérique Latine a été moins disciplinée et plus touchée. Ainsi le Brésil, avec une forte mortalité, a essuyé une forte baisse de son PIB et de sa monnaie. L'Afrique est moins affectée pour l'instant, heureusement car beaucoup moins vaccinée. La Chine, pays d'origine du virus, a réussi à croître de 2% en 2020, après des mesures initiales énergiques de confinement, et grâce à l'immense demande de ses produits, et croîtra à plus de 8% en 2021.
*MONETAIRE/MATIERES PREMIERES*
Les Banques centrales restent sur le qui-vive : les cycles des grands blocs étant différents, on peut penser que leur unité actuelle devrait se fissurer en 2022, selon la résurgence ou non de l'inflation. Un consensus se dégage actuellement sur le caractère conjoncturel de l'inflation, causée par les goulets d'étranglement habituels en cas de forte reprise, comme la hausse du frêt maritime, des matières premières, des puces électroniques, et la reconstitution de stocks. Mais il y a bien une inconnue sur les salaires, qui ont dû être augmentés, faute de trouver de la main d'oeuvre disponible. Pour l'instant, seuls les salaires les moins élevés ont été ajustés, mais si les salaires moyens ou supérieurs le sont également, une inflation structurelle pourrait s'installer : ces statistiques salariales seront donc avidemment décortiquées dans les mois à venir.
La ré-allocation de la production en Europe, nécessaire dans différents domaines industriels stratégiques, comme les puces ou certains médicaments, semble un voeux pieux, car beaucoup trop coûteuse...
Les banques centrales évitent d'effrayer les marchés et vont s'y prendre tout en douceur pour revenir à des positions d'avant-COVID. La FED américaine a annoncé qu'elle va commencer à diminuer ses achats d'obligations du Trésor américain dès l'automne, et la BCE agira plus doucement encore. Les taux monétaires restent donc négatifs ou neutres. La parité €/$ n'a pas connu de forte variation depuis début 2021.
Les matières premières flambent depuis novembre 2020, et l'annonce de la découverte des vaccins. Le pétrole a gagné 45% en 2021.
Inversement, l'or, valeur refuge par excellence, perd de son attrait alors que la hausse de l'inflation semble être temporaire.
*_CLASSES D'ACTIFS_*
*LES ACTIONS*
Sur 2021 :
CAC DAX Italie UK Nasdaq US (S&P) Japon Chine (SSE)
+19,39% +12,54% +32,60% +9,46% +14,42% +15,92% +8,00% +4,48%
Belles hausses pour les marchés actions, qui sont devenus chers (Etats-Unis surtout, et Europe), les marchés actions émergents étant restés intéressants. La Chine se distingue par une petite hausse : le Parti Communiste souhaite conserver sa main-mise sur l'économie et corriger certains excès sociétaux trop éloignés du communisme ("prospérité partagée"), par exemple par une reprise en main brutale de l'internet, de l'éducation privée, des jeux vidéo, de la livraison à domicile... en remettant au pas différents chefs d'entreprises célébrissimes... Evergrande, une grande entreprise immobilière au bord de la faillite pèse également sur la tendance. Le marché chinois est donc devenu très intéressant à terme, avec des PER bien plus faibles (13-14) qu'en Europe (16) ou surtout aux Etats-Unis (21).
Le marché des actions semble s'essouffler depuis le début de l'été, soutenu par d'excellents résultats d'entreprises, mais fragilisé par les doutes sur l'inflation, puis sur la pérénnité du rebond, ou d'éventuelles surprises des banques centrales, le tout faisant oublier les bénéfices records actuels... La volatilité est assez atone, malgré les différentes vagues de variants.
Ressurgit l'opposition entre deux types d'actifs : les actions de croissance et les actions décotées (value). Depuis 5 ans les actions croissance, GAFA en tête, ont très largement surperformé les actions décotées, mais elles n'ont fait que rattraper le retard qu'elles avaient pris sur 20 ans. C'était précisémment le contraire entre 1999 et 2207. Sic transit gloria mundi. Des valorisations très intéressantes existent parmi les "value", les cycliques et les financières... mais restent intéressantes !
*LES OBLIGATIONS*
Cette classe d'actifs est toujours aussi chère, et comme elle est quatre fois plus importante que les marchés actions, ses mouvements sont très sensibles. Les débats sur l'inflation ont propulsé les taux à 10 ans américains à 1,75%, avant de retomber vers 1,30%. Compte-tenu d'une inflation 2021 de 5%, les taux d'intérêts réels n'ont jamais été aussi négatifs.
Les incertitudes liées à l'inflation conduisent les gérants à maintenir des durations faibles, et à essayer de trouver de la plus-value dans les obligations"credit", d'entreprises, voire dans des obligations High-yield, mais les defférentiels de taux sont devenus nettement moins intéressants avec la hausse de la bourse? Restent les obligations émergentes, mais les meilleurs rendements s'accompagnent de risque de change. A manier avec des pincettes !
*L'IMMOBILIER*
Résidentiel : Le marché, gelé pendant le premier confinement, a fortement repris et dépassé son record d'un million de transactions. Confinement + télétravail ont poussé des parisiens ou habitants de grandes villes à chercher en banlieue, voire en province des surfaces plus grandes avec balcons ou jardins. Le marché résidentiel est porteur : la deuxième et la troisième couronne de l'Ile de France ont été très demandés, alors que Paris, sans s'effondrer, a vu ses prix stagner, ou baissoter. En général, les maisons ont été plus demandées que les appartements, et les achats de piscines et de vérandas ont explosé. Le mouvement Paris-banlieue est significatif, et donne à penser que le Grand Paris correspond bien à un besoin, et sera un succès.
Bureaux : Le marché est devant l'inconnue du télétravail, incontournable, et les entreprises doivent se positionner sur ce sujet, quant à ce qu'elles encouragent, acceptent, ou tolèrent. Les locaux se sont repeuplés doucement pendant l'été, et les retours s'accélèrent à la rentrée. Il est un peu tôt pour faire le bilan de cette pratique et de ses conséquences sur les besoins de surfaces, de transports, de restaurants d'entreprises, de commerces... mais les bruits courrent que les bureaux inoccupés à la Défense se montent à 15% du stock, ce qui fait déjà mécaniquement baisser les loyers. Et à terme baisser les prix... mais on n'en est pas là.
Le bilan 2020 des SCPI n'a pas été trop mauvais. Peu de locataires ont arrêté de payer leurs loyers, les SCPI ont été à leur écoute et eu recours à des étalements de loyers, ou autres aménagements pour conserver leurs locataires. Les pertes de loyers n'ont en général pas dépassé 10 à 15%. Au niveau des dividendes versés, les SCPI ont un peu puisé dans leurs réserves en 2020, pour lisser les performances. Les gérants de SCPI se déclarent sereins (est-ce une posture?), car si les entreprises ont besoin de moins de mètres carrés, on voit bien que sans bureau attitré quand on revient en présenciel, la chasse quotidienne au bureau est créatrice de stress et contre-productive. On imagine que les petites entreprises ne changeront pas leurs habitudes mais que les grandes voudront optimiser et donc diminuer les surfaces louées. La collecte de ces fonds a rebondi en 2021, l'immobilier étant la seule classe d'actifs avec des revenus stables et relativement prévisibles.
Les OPCI ont souffert en 2020, du moins ceux investis dans des foncières cotées, et rebondissent en 2021. La demande reste forte sur les locaux de logistique, et se stabilise pour les commerces. L'hotellerie reste à la traîne... mais devrait profiter du retour de la mobilité.
Forts contrastes également pour les résidences gérées (LMNP) : les secteurs du tourisme et des affaires surtout ont eu des problèmes de remplissage en 2020, et diminué ou arrêté de verser des loyers. Elles commencent seulement à reprendre du poil de la bête. Les résidences seniors ont bien résisté, car les loyers proviennent des retraites des locataires et sont donc peu risquées, alors que les Epahd ont souffert de nombreux décès.
*CE QUE FAIT SAINT-SABIN PATRIMOINE*
Actions : don't fight the Fed ! Les anticipations positives des marchés ont été récompensées par des bons bénéfices aux deux premiers trimestres, qui ont diminué la cherté des actions. Ces bénéfices devraient rester élevés, avec une croissance mondiale approchant 6 % en 2021, et projetée à 4% en 2022, d'autant que le taux des vaccinations continue d'augmenter. Certains fonds de type croissance, comme Varenne, Comgest ont été exemplaires. Les fonds H20 n'ont pas fait de prouesses, mais pas non plus de bêtises. Les fonds thématiques ont eu des performances spectaculaires comme Pictet Water ou Pictet Robotics. L'intelligence artificielle se maintient, après sa performance stellaire de 2020. Nous restons investis !
Obligations : Je cherche toujours des alternatives aux fonds obligataires, risqués et sans grand potentiel. Je me remettrai à acheter SCPI ou autres SCI dès que les effets du télétravail seront plus chiffrables en termes de baux. Les fonds structurés, en profitant d'accidents boursiers, et donc d'une augmentation de la volatilité et des coupons, sont une bonne alternative, mais ponctuelle.
Immobilier :
-en direct, le PINEL s'impose, surtout dans le Grand Paris... avant la prochaine dégradation de ses conditions, mais on peut penser qu'une nouvelle loi le remplacera.
-Je reste fidèle aux investissements en LMNP, en immeubles gérés, tout en apprenant des problèmes survenus en 2020, et qu'on ne soupçonnait même pas (problèmes des grands gestionnaires de tourisme d'affaire, ou de tourisme), avec une préférence pour les résidences senior.
-en pierre-papier, je continue à favoriser les SCPI en nue-propriété ; les OPCI à profil de LMNP ; les diversifications de SCPI de bureaux en grandes villes ou en IDF, ou de SCPI investissant dans la santé, voire la logistique.
*FISCALITE*
La fin d'année ramène les investissements en PER ! La fiscalité ne baisse pas. L'épargne retraite sous forme de PER est attrayante, et bien plus flexible que les anciens contrats Madelin ou PERP. Le récent changement de règlementation sur le service des rentes est intéressant pour les détenteurs de petits PERP : le minimum de rente par mois est passé de 40 à 100€/mois. Sous un montant d'environ 35 000 à 40 000€, l'assureur remboursera désormais en capital... avec une fiscalité intéressante. Pas besoin de transférer son petit PERP vers un PER donc.
Les enveloppes offertes en Girardin Industriel ont été très faibles en 2021, et seront certainement plus profondes en 2022. Certains projets sortent encore cet automne, mais vont rester très limités.
A votre disposition pour toute question.
Bien cordialement,
Hervé Langlet